Déclin de l'orgue Hammond (roues phoniques électromécaniques)?

****' a écrit:
Et à ce sujet, aurais-tu des explications personnelles ( TTH ???) ou appuyées sur des travaux (Mémoires de fin de diplôme, voire thèses, de musicologie)  sur ce qui a fait le déclin de l'orgue Hammond ?
Je ne pense pas seulement aux évolutions technologiques ( fin de l'électro-mécanique des roupho's) mais aux aspects esthétiques des musiques, des modes, qui provoquent ? accompagnent ? aggravent ? ce déclin ?

Bonjour ****,

Je ne sais si des thèses existent sur le sujet, mais nous en avons parlé maintes fois lors de réunions TTH, notamment avec Alain Mangenot. Hammond a commencé à décliner alors que curieusement, l'orgue électronique était en plein essor et que les écoles Farfisa, Technics ou Yamaha poussaient comme des champignons un peu partout. C'est d'autant plus incroyable que c'est Hammond qui avait lancé le concept de "l'orgue pour tous", notamment à la fin des années 40, en sortant le M, premier spinet de la marque, ainsi que méthodes et mise en place d'écoles plus ou moins sponsorisées un peu partout aux USA et au Canada. Quand le concept est arrivé en Europe au milieu des années 70, Hammond était déjà en déclin.

Ce déclin est fortement lié aux choix technologiques de la marque, en voulant garder -et c'est tout à leur honneur- une très haute qualité dans le choix des composants (notamment les circuits intégrés LSI qui coûtaient une fortune). Mais les japonais et les italiens ont sorti des modèles avec des composants peut-être moins nobles, mais qui étaient mieux ciblés à la classe moyenne des pays industrialisés, et qui finalement fonctionnaient bien. Sans parler du coût de la main d’œuvre. Et puis ces marques n'étaient pas "enfermées" dans la légende des roues phoniques, alors qu'un un Hammond sans roues phoniques n'était pas un Hammond dans l'esprit des gens. Mais un B-3 ou même un A-100 étaient réservés à une clientèle fortunée. Et la classe moyenne était davantage séduite par les boîtes à rythmes, les accords automatiques, les gadgets etc. (qui bien souvent ont d'ailleurs été inventés par Hammond !), et en ce domaine, la concurrence faisait aussi bien voire mieux pour beaucoup moins cher.

Quant au professionnels, que désirer de plus qu'un B-3 ? Seul un "String bass" de pédalier d'origine a manqué dans certains cas, et encore... Mais mêler roues phoniques et gadgets à outrance signifie une usine à gaz très chère pour un résultat pas toujours convaincant. Les succès très relatifs des E-100, H-100, X-77, R-100 etc. le prouvent.

Bref, Hammond a loupé le virage de l'électronique pour tous. Ils cherchaient à obtenir un B-3 avec des circuits intégrés (B-3000 par ex.), ce qui n'a pas convaincu les professionnels, et sont passés à côté des marchés de masse de l'époque.

Depuis, le contexte et la technologie ont encore bien évolués, mais c'est une autre histoire...

Bonjour à toutes et tous,
Après lecture des intervenants sur le module 'déclin de l'orgue Hammond' je corrobore tout à fait ce qui a été précédemment écrit, et en particulier ce qui a été cité par Stéphane.
Premier point, pour nous les musicaux des années 70 le son Hammond était du miel à écouter, et pour beaucoup d'entre nous je pense qu'il n'y avait rien de mieux que le son Hammond à nos oreilles, et là le son HAMMOND était réellement un mythe.
Toutefois, à mes yeux le premier problème était quand même le tarif HAMMOND, qui lui était phénoménal à l'époque pour nous jeunes musiciens.
Le son Hammond avait un prix pratiquement inaccessible à tel point qu'écouter un groupe qui possédait un Hammond devenait une vraie curiosité.
Sur l'aspect commercial avez-vous vu  beaucoup de pub pour Hammond dans les années 70 ??? alors que Yamaha et Farfisa étaient bien plus agressifs sur le marché, d'ailleurs pour mois Savoyard il suffisait de regarder les magasins de l'époque sur Annecy, Chambéry, Lyon où Grenoble pour les plus gros, et ne voir que du Farfisa en rayon !! mais jamais de Hammond. (ce même problème persiste d'ailleurs toujours aujourd'hui car certaines marques de prestige exigent auprès de ses revendeurs un minimum de stock en magasin ce qui représente une très grosse somme quelquefois, ce qui explique le fait de ne plus pouvoir essayer de matos dans les magasins, j'en ai fait l'expérience avec mon légend de KeyB !!!).
Autre chose... rappelez vous ce que représentait le transport d'un Hammond... une vraie galère... (le poids de deux Marshall double corps ..) alors que yamaha et farfisa étaient bien plus présents sur le marché avec leurs portables de 30kgs bien plus pratique, et là je pense que Hammond n'a pas su réagir, ou en tous les cas peut être décidé de rester dans le format Hammond strict avec son meuble (mais totalement inadapté pour nos baluches ou autres soirées concert..).  
Le dernier point (déjà cité par Stéphane) qui est ce côté ludique des nouveaux claviers que proposait la concurrence avec ses nouveaux modèles numériques proposant des tas de gadget et qui représentait une grosse évolution technique pour bon nombre de gens.
Il y a surement d'autres raisons qui ont conduit Hammond vers le déclin, mais mon point de vue est que pour beaucoup de futurs acheteurs, Hammond était démodé, rétrograde, et ne correspondait plus à ce que les gens attendaient.
Bien sur HAMMOND a souhaité conserver la qualité de ses composants, son savoir faire, son image inaltérable pour nous les vrais organistes, car Hammond vendait des orgues mais pas des claviers.
Commercialement cette niche était trop petite pour subsister durablement, alors que d'autres avaient le vent en poupe...
Toutefois depuis la reprise de la marque par Susuki, ce dernier a su s'adapter totalement en respectant ce que nous recherchons, à savoir le son, tout en proposant des sons annexes comme le piano ou autres, et ceci est à mes yeux bien plus vendeurs auprès du grand public.
Reste les clones(d'ailleurs nous pourrions en parler très longtemps bien sûr..)  représentant un bon compromis pour obtenir notre "SON" si cher à nos oreilles et l'aspect tarifaire bien plus abordable.
Ce poste suscitera d'autres commentaires bien sûr mais voilà (pour moi) mon point de vue sur le "déclin de l'orgue Hammond".
Amis rouphonistes j'attends de vous lire, en attendant prenez soin de vous.

Hammond, c’est aussi l’arroseur arrosé. Dans les années 30 à 50, les orgues à roues phoniques ont phagocyté le marché liturgique au nez et à la barbe des facteurs d’orgue : un C coûtait 2000 à 3000 $, un orgue à tuyaux 20 fois plus. Les églises ont vite compris leur intérêt. Et d’ailleurs, Hammond avait conçu ses orgues dans ce but. Ce n’était pas un philanthrope, mais un excellent chef d’entreprise.

Dans les années 60 et 70, le liturgique s’est éteint, le son Hammond est passé à la postérité dans d’autres styles. En somme, un marché sui a échappé à son concepteur. Sans parler du rdv manqué avec Leslie. La concurrence fait mieux, et d’arroseur, Hammond passe à la position d’arrosé.

Le retour de la marque via Suzuki se fait justement sur ces marchés plutôt professionnalisés et confidentiels au regard des quantités vendues. Mais le marché de masse disparu, y compris pour les autres marques. Et d’ailleurs, le marché de l’instrument de musique est en déclin. Même la guitare, marché de masse s’il en est, à traversé une période difficile (même si elle a repris quelques couleurs dernièrement). Mais là, nous entrons dans un autre phénomène de société qui serait long à dérouler ici. Mais au-delà des modes ou de la technicité, les phénomènes sociétaux sont à mon avis primordiaux pour comprendre les évolutions des tendances.

Il reste que des vieux dinosaures comme nous pour faire vivre et exister encore HAMMOND .... souvenirs souvenirs..
Toutefois je n'ai pas vraiment une idée du pourcentage de jeunes musiciens qui jouent aujourd'hui sur Hammond.
Que représente encore Hammond aujourd'hui pour les jeunes dans le monde de l'orgue ??? perso je pense que les clones ont pris le dessus.
Ai-je raison ??
Allez amis de l'UOH lachez-vous !!!
bye

Quand on à été séduit dès notre plus jeune adolescence par l'emblématique orgue Hammond B-3 (A-100, A-162, C-3) en ayant écouté et vu de ses yeux jouer Rhoda Scott, Jimmy Smith,.Eddy Louiss, Keith Emerson, Will bill Davis...et qu'il était quasi improbable de pouvoir en acquérir un jour pour soi, l'arrivée "Tardive" mais magistrale de la serie XK, à permis aujourd'hui de satisfaire ce souhait d'être l'heureux possesseur d'un orgue Hammond digne de ce nom-là et équipé d'un preamli à lampes  conférant tout ce qu'un organiste Hammondiste attend ! et avec une Leslie, que demander de plus ?

Aussi, le vintage à roue phonique est très présent sur le marché de l'occasion, mais il faut rester très vigilant sur les annonces que l'on peut trouver !

Comme vous le savez, l'orgue Hammond à roues phonique demande un entretien minutieux, et essentiel pour le preserver en parfait état de fonctionnement et que nos amis possesseurs de ces Merveilleux instruments connaissent bien !

Bruno Micheli, André Thus et Stéphane Bredel sauront vous apporter les precisions quant au maintient de ces "Bijoux" faisant partie du patrimoine de Hammond !

Pour ma part, afin de revenir aux numériques et ressentir la magie et la sensation véritable de jouer sur un Hammond, je temoigne de mon expérience en vous disant le plaisir, voire le bonheur de jouer sur mon XK-3 millésime 2007
et me voici aujourd'hui comblé  avec lui