Review ARP Odyssey 2015 (Korg)

Quelques mois après sa sortie, j’avais craqué pour ce clavier. J’ai vite déchanté tant l’objet était compliqué à maîtriser pour moi. Je ne comprenais rien au chemin de la synthèse qui est assez déroutant par rapport à un synthé analo à synthèse soustractive « traditionnel » (bien moins pratique qu’un Roland Juno-6 par exemple).
J’étais à deux doigts de le vendre (car à part des Fx’s de malades, je ne le trouvais pas très « musical »).
Et puis, il y a quelques mois, j’ai décidé de me plonger au cœur de la bête et de lui redonner une dernière chance. J’ai vraiment bien fait !!!!
C’est un synthé fabuleux qui fait partie de mes préférés et qu’il va être dur de lâcher un jour.









1.  Qualité de fabrication

Excellente facture. Très robuste (une sorte de plastique composite, mais bien solide…Très loin d’un Roland JX-8P et son plastique de merde….par exemple). Livré avec un flight rigide. J’étais assez étonné de voir une telle qualité pour un petit synthé comme ça(Korg a vraiment bien exécuté cette réédition).
37 mini-touches de merde. Je ne suis déjà pas fan des mini-touches, mais en plus le clavier est vraiment une daube infâme.



2.  Connectique

-Entrée d’alimentation (avec alim’ externe). Pour ma part, je n’ai aucun souci de parasites ou de ronflette.
-Bouton pressoir ON/OFF
-Prise Din 5 broches MIDI (omni uniquement)
-Prise USB pour les amateurs de séquences au PC
-Deux prises pour les pédales d’expression ou de volume
-Deux sorties. L’une avec un jack 6.35 (sortie faible), et l’autre en XLR (sortie élevée)
-Une entrée pour un instrument externe(à faire passer dans le(s) filtre(s) – on y reviendra plus tard)
-Une prise casque
-Un potard(c’est le seul) de volume
-6 prises jacks 3.5 pour CV IN/OUT, Gate IN/OUT/, Trig IN/OUT



3.  Ergonomie

Tout est en façade. Super pratique(en même temps, c’est ce qu’on attend d’un analogique).
Les faders sont assez robustes, mais il ne faut pas non plus  y aller comme un bourrin (on peut leur reprocher parfois un manque de précision).
Ils sont assez espacés et permettent une grande liberté à tous les possesseurs de doigts boudinés dans mon genre.
Les codes couleurs sont assez clairs.
Les switchers sont hyper solides (là on peut y aller en déglinguos). Ceci dit, y a pas trop d’intérêt.


4.  Oscillateurs

L’Odyssey est un synthé 100 % analogique, monodique avec paraphonie imposée : lorsqu’on joue 2 notes, le VCO1 suit la note basse et le VCO2 la note haute (Test de synthwalker sur AF)

Deux VCO’s (soit en saw ou square-pulse grâce à deux switches) accordables. Il faut les réaccorder à chaque mise en tension, par contre ils sont assez stables et une fois la température du synthé bonne, ils ne bougent plus du tout. La plage s’étend de 20 Hz à 2 Kz.
Par contre, on doit vraiment se servir du fader « fine tune » pour arriver à bien accorder et les faders ne sont pas toujours super précis (c’est une des points faibles de ce synthé). Lorsqu’on les détunent, on arrive à de superbes sonorités très riches en harmoniques.

Pour chaque VCO, on peut agir sur une modulation de fréquence (pitch pour les plus nippons d’entre nous) en en même temps décider où l’on envoie cette modulation (grâce à l’audio mixer- on verra ça après-) et également quel type de modulation on souhaite (par LFO ou par EG).
Nous trouvons également pour chaque VCO (lorsqu’on a choisi une square) de régler la largeur d’impulsion ainsi que la vitesse de modulation de cette largeur d’impulsion.
Les VCO’s peuvent être synchronisés (commutateur sync) et nous offrent des sons aussi riches que légendaires (Trans-X, Tangerine dream etc.).
On peut y rajouter un noise. On y trouve deux types de bruit (rose et blanc).



5.  Filtre(s)

Pourquoi « filtre » au pluriel car cette réédition offre à son utilisateur la possibilité de choisir 3 types de filtres (les 3 filtres des 3 versions de l’odyssey original REV 1-2-3).
Le premier est le moins bourrin (12db) coupe progressivement certaines fréquences et très précis, très moelleux notamment sur les leads.
Pour le deuxième (4 pôles -24db), on rentre rapidement dans une auto-oscillation qui diminue grandement le signal.
Le troisième offre (malgré ses 4 pôles) offre une marge tout à fait correcte de manœuvre et est super pratique pour tout ce qui S&H.
Les ¾ de la course du fader n’offrent pas une vraie résonance auto-oscillante. Il faut arriver dans le dernier ¼ de la course pour obtenir certains effets.
Un HPF est également disponible, d’où la possibilités de basses acides et autres nappes (monophoniques) comme si on avait un BPF dans le synthé.

Le LFO (dont la vitesse varie de 2 à 20 Hz) est par contre, lui, super précis. C’est un régal que de bouger en live la vitesse du LFO.



6.  Les enveloppes

Deux enveloppes s’offrent à nous et nous propose un ADSR et un AR. On peut envoyer du signal du VCF vers l’AR tout en déterminant par exemple le VCA sur l’ADSR. Ou le contraire.
Je ne les trouve pas aussi rapides que sur mon Prophet 6. La courses des faders est très agréable et permet une large palette d’utilisation. C’est vraiment un point réussi.
On trouvera également un potard pour le gain du VCA et un overdrive qui aider à créer des sons distordus très actuels et prisés des amateurs de techno « hardcore ». Le gain du VCA, je m’en sers pour créer des FX’s à base du S&H dont je parle au chapitre suivant.



7. Sample & hold

On peut envoyer les oscillateurs vers un S&H afin de créer de superbes ambiances avec un réglage de sorties qui permet d’adoucir. On peut ainsi aisément passer d’un son  à la R2D2 à des « cui-cui » d’oiseaux, juste en bougeant le fader.



8.  Mixer audio

J’en arrive à la partie qui me fait durcir le zizi à chaque utilisation. C’est vraiment la richesse de ce synthé contrairement à beaucoup d’analos (et c’est en partie ce qui me posait souci dans la compréhension de ce synthé). Une fois assimilée cette « partie audio mixer », ce synthé est une mine de recherche musicale. Tant qu’on n’a pas saisi la logique de ce synthé, il n’est pas franchement agréable.
On peut mixer le niveau de sortie pour le noise (et choisir entre le LFO pour moduler ce son ou bien utiliser le Ring MOD pour tous les sons bizarroïdes de claches amphétamines).
C’est valable pour les deux VCO’s.
La partie S&H ou LFO (suivant ce que l’on choisit) et bien-sûr les EG’s AR ou ADSR.
Et quand on mixe tout ce petit monde, on arrive à des choses tellement planantes et éthérées qu’il est dur de s’arrêter. Perso, quand je me laisse entraîner, j’adore jouer avec le commutateur LFO-S&H et créer des ambiances magiques et spatiales.
Bienheureux celui qui possède 5 ou 6 odysseys et qui module tous ces synthés pour arriver à des trucs hyper recherchés et planants (désolé de la redite, mais c’est vraiment le cas).

Ce synthé est une tuerie en termes de recherche sonore et choses surréalistes, mais il est beaucoup plus que ça(voir paragraphe suivant).



I.  Les sons


                             a)  Les basses

Très bonnes malgré des EG moins rapides qu'un Pro-One, par exemple. Le seul reproche qu’on peut leur faire est de trop profiter d’une course de fader qui d’un coup ré-ouvre à peine trop le filtre - sustain-). Par contre, tout types de basses est possible : feutré, saw à fond, résonnante, acid etc etc……


                             b)  Les leads

Ca va du lead flûté à la techno hardcore. Une palette d’expression énorme (je ne suis, par contre, pas très fan des boutons pressoirs en caoutchouc pour moduler les sons ou pour augmenter  ou diminuer le pitch). Portamento super expressif. Du coup les 37 touches sont moins problématiques que sur un SUB37 par exemple, car on peut monter d’un simple coup de switch 2 octaves ou descendre ces derniers.


                             c)  Les nappes

Oui, vous avez bien lu : les nappes.
Excellentes et hyper expressives grâce aux tonnes de modulations possibles (dont j’ai parlé plus haut). Bien-sûr, ça reste des nappes mono, mais vraiment y a de quoi être bluffé.


                             d) FX's

HENAURME !!!!!
Ce synthé propose tellement de possibilités de modulations et de chemin audio qu’il permet tout ce que votre imaginaire veut. J’ai eu une quinzaine de synthés analogiques. Jamais je n’ai ressenti un tel plaisir à programmer ce genre d’effets. Une boucherie sonore !!


                            e)  Les percus

Je ne me sers jamais de mes synthés pour créer des percussions. Mais le peu que j'ai testé sur des kicks ou snares, laisse à penser que ça doit sortir du lourd quand on sait bien programmer ce genre de sons...Surtout avec toutes les possibilités de modulations pour faire des sons bien "stranges"



J’en arrive à la fin de cette review et force m’est de constater que j’aurais fait une grosse connerie si je l’avais vendu.
Par contre, ce n’est pas un synthé pour les « fainéants » : pas de mémoire, pas de presets, juste de l’imagination et des réglages.
Cette review n’est pas exhaustive tellement ce synthé regorge de richesses et pour en faire le tour, il faudrait 18 pages de plus.

Pour moi, c'est un synthé de légende au même titre que l'ELKA Synthex que j'ai eu la chance d'essayer un jour.

Ils sont complexes, mais ce sont de merveilleuses machines.